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Réchauffement climatique et Biodiversité

Le réchauffement climatique, une réalité


Le réchauffement climatique global est maintenant acté par l’ensemble de la communauté scientifique à travers le GIEC (Groupe Intergouvernementale sur l’Evolution du Climat). Les experts mettent en évidence la gravité des changements en cours et le rôle crucial des émissions de gaz à effet de serre. Les activités anthropiques en sont les causes principales. Ainsi, la teneur de l’air en gaz carbonique est passée de 280 ppm en 1750 à 379 ppm en 2005. Le quatrième rapport du GIEC, paru en 2007, nous donnait, par scénario d'émission, une fourchette et une meilleure estimation d'augmentation de température en 2100 (GIEC, 2007). Le scénario d’émission faible (B1) donnait une augmentation de la température de 1,1 à 2,9°C alors que le scénario fort (A1FI) la prévoie dans une fourchette 2,4 à 6,4 °C (Ibidem). Ces scénarios théoriques ne prenaient pas en compte la probabilité réelle de telle ou telle augmentation de température, ou de telle ou telle augmentation du niveau de la mer, etc., si on ne change pas de politique, évidemment. Le Massachusetts Institute of Technology (MIT) a mis en place une modélisation des probabilités du changement climatique de 1861 à 2100 (Sokolov et al., 2009). Les résultats sont beaucoup plus inquiétants avec une valeur moyenne d’augmentation de 5,2°C entre 2091 et 2100 biens supérieurs à la valeur moyenne de 2,4 °C calculé en 2003 (Ibidem).

D’après l’observatoire pyrénéen du changement climatique, le réchauffement de + 1,1°C depuis 1900 dans le Sud-Ouest de la France et le massif des Pyrénées constaté par Météo France, a entrainé la remontée en altitude des espèces végétales de 3 mètres par an entre 1971 et 1993 et de plus de 64 mètres pour les espèces forestières (source INRA, 2008). D’après Météo France, une diminution de 15 jours d’enneigement entre 1971 et 2008 a été constatée en moyenne montagne sur le site d’Hospitalet, situé à 1400 m d’altitude. De la même manière, une diminution de 85% de la surface des glaciers pyrénéens depuis 1850 a été mesurée.

Les effets sur la biodiversité


Les effets de ces changements climatiques sur les écosystèmes et la biodiversité sont déjà conséquents.Par exemple, ces dernières années suite au changement du régime des pluies, le Crapaud doré Bufo periglenes a disparu du Monte Verde au Costa Rica (Pounds et al., 2001). Le changement des températures a une influence sur les cycles de floraison des plantes (Penuelas et Filella, 2001), sur la phénologie de reproduction des Amphibiens (P. exe. Reading, 1998) comme chez la Grenouille rousse en Angleterre (Beebee, 1996) et des oiseaux (P. exe. Dunn & Winkler, 2010) mais aussi sur les interactions compétitives, prédateurs-proies (P. exe. Bretagnolle & Gillis, 2010). L’augmentation de la température engendre une augmentation des aires de répartition des espèces comme pour la Couleuvre verte et jaune Hierophis viridiflavus et la Vipère aspic Vipera aspis ou une diminution d’aire pour la Vipère péliade Vipera berus (Naulleau, 2003). En Angleterre, l’Argus brun Aricia agestis a connu une expansion vers le nord ces dernières années (Buckley et al., 2011). Les changements climatiques auront également un effet sur la diversité génétique d’une espèce où certains écotypes seront plus sensibles (Thomas, 2005).

Les Amphibiens et les Reptiles face au réchauffement climatique

Les ectothermes terrestres tels que les Reptiles et Amphibiens ne possèdent pas de possibilité de production de chaleur. Leur activité dépend de la température environnementale et de ses fluctuations. Par exemple, une augmentation moyenne de température de 1°C est susceptible d’augmenter les dépenses métaboliques des ectothermes d’au moins 10 à 30% (Samways, 1994). Le réchauffement climatique a ou aura un impact conséquent sur les populations et leur capacité à s’adapter en fonction de l’histoire évolutive des espèces.

Des études sur Zootoca vivipara ont pu mettre en évidence des effets positifs du réchauffement à l’échelle des individus (augmentation de la taille corporelle, de la fécondité et la survie) mais des conséquences négatives à l’échelle des habitats et de la distribution de l’espèce (Chamaille-Jammes et al., 2006) ainsi que sur la survie et la croissance des juvéniles en fonction des sécheresses (Le Gaillard et al., 2010). Pour la Vipère aspic, le succès de reproduction est optimal dans les régions aux températures chaudes de plus de 24 °C (Lourdais et al., 2004).

Le réchauffement climatique va entrainer ces prochaines années un changement profond des aires de distribution des Amphibiens et Reptiles. En Espagne, la distribution potentielle actuelle et future des espèces a été modélisée selon, 3 modèles régionaux du climat et deux types de scénarios de l’IPCC (Intergovernmental Panel on Climate Change), à l’horizon 2100 (Araùjo et al., 2011). Cette étude montre que des espèces d’Amphibiens et de Reptiles auront probablement des réductions d’aire de répartition très importante, plus de 90 % d’ici à 2100 comme pour l’Euprocte des Pyrénées Calotriton asper ou la Vipère de Seoane Vipera seoanei et de 100 % comme pour la Grenouille des Pyrénées Rana pyrenaica et le Lézard pyrénéen de Bonnal Iberolacerta bonnali (Ibidem).

Des études récentes laisseraient à penser qu’il y aurait une compétition interspécifique entre le Lézard des murailles Podarcis muralis et le Lézard pyrénéen de Bonnal (Pottier, 2007 ; Monasterio et al., 2010). Le réchauffement climatique entrainerait des conditions plus favorables en milieu subalpin et alpin pour le Lézard des murailles, dont l’augmentation démographique permettrait de coloniser les habitats du Lézard pyrénéen de Bonnal, induisant des extinctions de populations dans les zones de contact (Ibidem).
Le réchauffement climatique aura également un impact sur le régime de l’eau des habitats de reproduction des Amphibiens dont certains s’assécheront avant la fin du développement larvaire (Blaustein et al., 2010). La diminution de la hauteur de l’eau engendre une plus forte exposition des embryons aux rayons UV-B, augmentant la mortalité des oeufs (Ibidem). Le réchauffement climatique favorise également la propagation du champignon Batrachochytrium dendrobatidis (Bosch et al., 2007).

Ainsi, de nombreuses études confirment que le changement climatique a déjà des impacts sur l’herpétofaune dont Henle et al. (2008) ont réalisé une synthèse bibliographique européenne qu’il faudrait mettre régulièrement à jour car les effets vont aller en s’amplifiant.

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