Biodiversité

1. La Biodiversité, c'est quoi?

 
Origine du mot "biodiversité"
Apparu dans les années 80, le terme de diversité biologique inspira le journaliste W.G. Rosen, en 1986, qui créa le mot biodiversité. Mais ce n’est qu’en 1992 que le mot biodiversité se démocratise suite à son emploi par E.O. Wilson lors de la première convention sur la diversité biologique à Rio. La biodiversité désigne toutes les formes de la vie sur Terre et les caractéristiques naturelles qu'elle présente. Cela comprend la diversité au sein des espèces et entre espèces ainsi que celle des écosystèmes. Elle constitue la toile de la vie dont nous faisons intégralement partie et dont nous sommes totalement dépendants (Convention sur la diversité biologique, 1992).
 
La biodiversité comprend 3 niveaux :
- la diversité des gènes des individus dans les populations : "Nous sommes tous différents"
 
Salamandre tâchetée
 
- la diversité des espèces : Ensemble des espèces qui forme une communauté
 
Chrysanthème des moissons, Grand coquelicot, Salsifis blanc
 
- la diversité des écosystèmes : Ensemble des milieux qui abritent des espèces animales et végétales
 
Étang, Dune littorale, Forêt dunaire
 
Utilité pour l’Homme :
La biodiversité fournit tout à l’Homme :
- oxygène,
- fibres pour l’habillement,
- bois pour le chauffage, la construction d’habitation et la papeterie,
- nombreux principes actifs de médicaments,
- pollinisation,
- alimentation,
- eau,
-paysage…
 
« une équipe internationale a chiffré en dollars tous les services écosystèmiques fournis gratuitement à l’humanité par l’environnement naturel. Ils ont estimé cette contribution à au moins 33 000 milliards de dollars par an. Cela représente presque deux fois la somme des produits nationaux bruts de tous les pays de la planète » (PNB 1997 : 18 000 milliards de dollars) (Wilson, 2002 : L’avenir de la vie). Cette biodiversité nous offre également tout un univers de sons formant des paysages sonores uniques.
 
 
L'inventaire des espèces :

L’inventaire des formes vivantes est loin d’être terminé. A l’heure actuelle, ont été recensées plus de 2,1 millions d’espèces d’après le catalogue du vivant du GBIF. En 2022, la France avec ces territoires ultra-marins a passé les 200 000 espèces recensées (source INPN).

L’inventaire du vivant est permanent et il reste beaucoup d’espèces à décrire en fonction des progrès scientifiques. Des publications récentes évaluent le nombre mondial d’espèce variant de 8,7 millions (Mora et al., 2011) à plus de 1 milliard (Larsen et al., 2017). Cet écart des nombres montre bien notre méconnaissance du vivant et la difficulté à le définir.

 
Estimation du nombre d'espèces dans le monde
Estimation mondiale du nombre d'espèces des principaux groupes taxinomiques (étiquettes = nombre d'espèces)
(d’après UICN, 2022 et GBIF, 2024)
 
 

 

2. La sixième extinction est en marche...

 
Un taux d'extinction record
Ces dernières années, l’augmentation et la modification des pratiques humaines ont amené des déséquilibres sans précédent dans l’histoire du vivant et ce, à l’échelle planétaire. Or, c’est le succès démographique humain qui a amené le monde à cette crise majeure de la biodiversité (Wilson, 1993). Ceci a conduit Wilson à dire, lors de la conférence de Washington, en septembre 1986 : « Quasiment tous ceux qui étudient les processus d’extinction reconnaissent que la diversité biologique est en train de passer par une sixième grande crise, entièrement provoquée, cette fois par l’homme. » (Leakey & Lewin, 1997).  Le taux d’extinction des espèces est aujourd’hui 100 à 1000 fois supérieur à la normale. La recherche menée par De Vos et al. (2015) réévalue le taux actuel d’extinction à plus de 1000 fois supérieur et qui pourrait être 10 000 fois supérieur dans le futur. Au niveau mondial, l’indice Planète Vivante 2020 montre une chute de 68 % des populations suivies de vertébrés entre 1970 et 2016.  Plus de 40 % des espèces d’insectes sont menacées d’extinction (Sánchez-Bayo & Wyckhuys, 2019). Un suivi de 27 ans dans les espaces protégés allemands, a montré une diminution de 76 % de la biomasse en insectes (Hallmann et al., 2017).
 
 Des espèces ont déjà disparues...
La recherche menée par Cowie et al. en 2022, à partir des mollusques terrestres, a permis d’estimer un taux d’extinction de 7,5 à 13 % des espèces animales et végétales depuis 1500. A l’échelle des connaissances que nous avons du vivant, cela représente 150 000 à 260 000 espèces éteintes durant cette période.
 
 
 ...d'autres espèces sont menacées.
En 2024, d’après l’Union International de la Conservation de la Nature (UICN), sur les 163 000 espèces évaluées plus de 45 300 espèces sont menacées d’extinction soit 28 %. Cependant, de nombreuses espèces n’ont pas leurs statuts encore évalués et beaucoup d’espèces restent à décrire.
 
Pourcentage d'espèces menacées

Pourcentage d’espèces menacées par groupe taxonomique évalué par les experts de l’UICN (2024)

 
 
Une tendance mondiale mais accentuée dans certaines régions

D’après l’Indice Planète Vivante du WWF, la biodiversité est en baisse dans le monde entier à un taux varié suivant les régions du monde. Ces 50 dernières années, la chute de la biodiversité est très importante dans les régions tropicales et équatoriales avec une baisse de 94 % pour les Amériques centrales et du sud, de 66 % en Afrique et de 55 % pour l’Asie et l’Océanie. En Europe et Asie centrale, cette baisse est de 18 % un peu moins élevé qu’en Amérique du Nord avec 20 %.

 

Indice planete vivante

Baisse de la biodiversité dans le monde d’après l’Indice Planète Vivante du WWF (Rapport planète vivante 2022)

 

 

3. L'Homme, un hyperconsommateur...

 
Fort de ce constat, la communauté internationale a mis en place en 1992 un projet de convention sur la « biodiversité » au Sommet de la Terre à Rio de Janeiro. Malheureusement, depuis cette Convention, rien ne semble ralentir l’érosion de la diversité biologique à l’échelle planétaire (Convention on Biological Diversity).
 
Aujourd’hui, si les espèces disparaissent ou sont menacées de disparaître, c’est pour plusieurs raisons, pouvant se résumer par le sigle "CHIPS" :
 
Changement climatique
  • Élévation du niveau des océans en moyenne de plus de 23 cm depuis la fin du XIXème siècle, qui s’accélère ces dernières années (National Geographic : Elevation du niveau de la mer, les chiffres clés). Il devrait augmenter de 30 cm supplémentaires d’ici 2050 (NOAA, 2022).
  • Largement lié aux activités humaines (IPCC, 2023)
  • En un siècle, augmentation des températures de 1,59 °C (IC : 1.34°C-1.83°C) en milieu terrestre et de 0.88 °C au niveau des océans (IC : 0.68°C-1.01°C) (IPCC, 2023)
  • Evolution des précipitations avec une baisse du manteau neigeux
 
Quelques conséquences
  • changement de la répartition des espèces
  • disparition des écosystèmes
  • changement des cycles de floraison
  • changement des cycles hormonaux
  • augmentation des maladies
  • déclin des populations
  • changement des communautés d'espèces
  • disparition d'espèces...
 
Habitat détruit

Au niveau mondial, un tiers des surfaces forestières connues il y a 10 000 ans ont disparues, soit l’équivalent de deux fois la surface des États-Unis, principalement dû au développement de l’agriculture (Ritchie, 2021). Les chercheurs ont estimé une perte de 21 % (IC : 16 à 23 %) des surfaces mondiales de zones humides entre 1700 et 2020 (Fluet-Chouinard et al., 2023). En France, en 50 ans, les zones humides ont perdu près de la moitié de leur superficie, ne représentant aujourd’hui que 1,5 million d’hectares (zones-humides.org). Entre 1967 et 2007, plus de 7,1 millions d’hectares de prairies permanentes ont été perdues en Europe, dont 4 millions en France (Peyraud et al., 2012). En France, le remembrement a entraîné une perte importante du linéaire de haie de 70 % des 2 millions de kilomètres de haies connues du début du XXème siècle (Pointereau & Coulon, 2006).

 
 Quelques conséquences
  • fragmentation des populations avec baisse de la diversité génétique
  • réduction des habitats ouverts (ex: landes et pelouses sèches calcicoles…)
  • perte d’identité paysagère (ex: écotourisme…)
  • perturbation des cycles biologiques (perte des habitats : de ponte, d'hivernage...)
 
Introduction d’espèces exotiques

Toute espèce introduite par l’homme en dehors de son aire naturelle est dite exotique. Une espèce exotique peut s’établir et par sa dynamique de population entraîner des changements dans les milieux naturels (modification du réseau trophique…). Ces changements sont souvent transitoires et plus réduits si les milieux naturels sont complexes d’un point vue écologique. Les impacts sont plus marqués dans les îles tropicales. Les impacts de ces espèces exotiques sur les systèmes écologiques sont donc très contrastés. Par exemple, certains prédateurs opportunistes changent leur régime alimentaire pour consommer abondement ces importantes populations d’espèces exotiques.

En 2022, la France métropolitaine compte de nombreuses espèces exotiques avec 1379 espèces de flore et 708 espèces de faune (NatureFrance, 2024).

 
Quelques conséquences
  • modifications dans la structure des écosystèmes (ex: Caulerpa...)
  • baisse de la biodiversité (ex: Ecrevisse de Louisiane...)
  • maladie (ex : Champignon des Amphibiens chytrides, Ranavirus...)
  • augmentation des pressions sur les espèces menacées des îles tropicales
 
 
Pollution
Sous le terme générique de pesticides se dissimulent environ 370 substances actives différentes, autorisées à la commercialisation en France. Environ 110 000 tonnes de pesticides sont utilisées chaque année en France, dont 100 000 tonnes par l’agriculture...
 
 Quelques conséquences
  • santé des populations (ex: malformation, perturbation de la reproduction…)
  • détérioration de la qualité des habitats (ex: développement des algues…)
 
 
Surexploitation des ressources
  • Population humaine en forte augmentation
  • Mauvaise gestion des ressources non renouvelables et renouvelables
  • Collection d’espèces (Nouveaux Animaux de Compagnie)
 
Quelques conséquences
  • baisse des effectifs de populations animales en dessous des seuils soutenables (ex: Soles, Cétacés …)
  • baisse des ressources naturelles : eau, énergie fossile...
  • baisse des effectifs des espèces menacées